Fort Hercule - Monaco lors de la Révolution
Quand
« Le messager de mort, noir recruteur des ombres,
Escorté d'infâmes soldats,
Eut rempli de ton nom les longs corridors sombres, »
elle demanda du rouge, de peur que la nature l'emportant, un instant de pâleur ne vînt à faire douter de son courage, et suivit le lugubre cortége. Elle n'avait pas vingt-sept ans ! Sa belle-sœur, la duchesse de Valentinois, qui n'était pas sortie de France, fut également arrêtée et renfermée dans la prison des Anglaises, avec son jeune fils dont elle ne consentit pas à se séparer, et qui plus tard succéda à son frère Honoré V, sous le nom de Florestan Ier. Le 9 thermidor la rendit à la liberté.
Le fils aîné d'Honoré III, Honoré-Anne-Charles-Maurice, duc de Valentinois, était resté en France pendant que son frère, le prince Joseph, prenait le chemin de l'exil. Retiré dans un modeste asile, tantôt en Normandie, tantôt à Paris, il échappa aux poursuites révolutionnaires, et dut à cette circonstance d'être compté parmi les émigrés. A l'époque de la radiation des listes, il reparut, devint à la mort de son père (1795) le chef de la maison Grimaldi, et régna plus tard sous le nom d'HONORÉ IV.
Des jours meilleurs commençaient à luire pour la France ; la révolution se disciplinait sous la main énergique du Premier Consul, et beaucoup de gentilshommes se hâtaient de rentrer dans une patrie que, malgré ses rigueurs, ils n'avaient cessé d'aimer. La plupart n'y retrouvèrent que l'indigence ; leurs châteaux, leurs domaines vendus comme biens nationaux, appartenaient à d'autres. C'est dans ces circonstances que de nombreux héritiers des plus beaux noms de France étaient allés servir dans les camps cette patrie dont ils avaient été trop longtemps éloignés.
Honoré-Gabriel, fils aîné d'Honoré IV, suivant leurs exemples, avait pris du service dans cette belle armée du Rhin, célèbre par sa discipline, et rivale de gloire de l'armée d'Italie. Entré dans un régiment de hussards, il prit part à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800), où il fut grièvement blessé; plus tard, séduit par l'éclat dont brillait sur le champ de bataille l'intrépide Murat, alors grand-duc de Berg, le prince Honoré ayant été attaché à son état-major, fit avec lui 1 les campagnes de 1806 et 1807 en Allemagne, et en 1808 la première campagne d'Espagne. C'est à cette occasion que l'Empereur le distingua et lui offrit le poste de Grand-Ecuyer de l'Impératrice Joséphine. Honoré conserva à cette princesse un attachement qui ne se démentit jamais ; après le divorce, Napoléon l'avait choisi pour remplir les mêmes fonctions auprès de la nouvelle impératrice, Marie-Louise ; mais le Prince refusa, et continua de faire partie de la maison de Joséphine jusqu'en 1814. L'Empereur ne lui sut pas mauvais gré de cette honorable fidélité au malheur.
1. Avec le prince de Monaco figuraient dans l'état-major du grand-duc de Berg, commandant en chef la réserve de cavalerie, MM. de La Vauguyon, de Ségur, de Rochambeau, de Faudoas, etc.
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