Fort Hercule - Monaco lors de la Révolution
« C'est vous qui le protégiez depuis un siècle et demi ; c'est à vous qu'il doit le bienfait signalé d'être libre ; accordez-lui votre fraternité et votre alliance, et il n'y aura plus rien à ajouter aux droits que vous avez à sa reconnaissance et à celle de la postérité la plus reculée. La Convention nationale vous prie d'en agréer les hommages ; l'heureux instant d'être réunie à vous sera l'époque de sa félicité et de sa gloire. »
C'était mal dit, mais encore plus mal pensé. Quelques déclamations que l'on ait faites dans ces dernières années sur la triste sujétion des Monégasques, déclamations que nous réduirons à leur valeur, il est hors de toute contestation qu'avant la Révolution française la principauté de Monaco jouissait d'un calme et d'un bonheur intérieur presque inconnus au reste de l'Europe, et dont elle était redevable autant à son isolement, à son exiguité, aux habitudes patriarcales de son gouvernement, qu'à l'humeur même de ses princes. Mais telles étaient les circonstances que le vertige qui s'empara des habitants de Monaco y trouve son excuse, comme les maux dont ils souffrirent ensuite en furent le châtiment. 1
L'adresse des conventionnels de Monaco fut expédiée à la Convention de Paris par le général Brunet, commandant provisoire de l'armée des Alpes, en l'absence du général Anselme ; le général Brunet y ajouta cette lettre :
« Les municipalités formant la ci-devant principauté de Monaco se sont formées en république; elles ne désirent rien tant que leur réunion à la nation française ; leur peu de fortune ne leur permettant pas de vous envoyer une députation pour solliciter cette réunion, j'ai été chargé de leur part de vous adresser tous les papiers analogues (sic) à cette demande. Si les marques constantes de fraternité et d'attachement à la nation française depuis que nous occupons le pays, sont un titre pour l'obtenir, je leur en dois le témoignage le plus authentique. »
Cette lettre fut renvoyée au Comité diplomatique, et trois semaines après, le jeudi 14 février, sur le rapport de Carnot au nom du Comité diplomatique, la Convention prenant en considération le vœu émis par les habitants de Monaco, décréta la réunion de la Principauté a la République française ; elle forma un arrondissement du département des Alpes-Maritimes.
1. Disons néanmoins que la Principauté ne pouvait manquer d'être absorbée par la France; si elle ne se fût pas donnée, elle eût été infailliblement prise de force. Mais, dans ce cas, les Monégasques eussent eu le droit de se plaindre des souffrances que leur apporta l'annexion et dont il leur fallut payer l'honneur d'appartenir à la grande nation.
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