Histoire de la Basse Normandie
La Révolution
Dans le nouveau département de la Manche, créé par décret du 26 février 1790, la Révolution semble avoir été accueillie favorablement à ses débuts.
La crise religieuse jouera un rôle déterminant : si l’on relève 59% d’ecclésiastiques assermentés dans les districts de Saint-Lô et de Cherbourg, le chiffre tombe à 41% pour ceux de Mortain et 37% à Avranches. En 1793, le représentant en mission Lecarpentier renouvelle les autorités accusées de « fédéralisme » et multiplie « les poursuites contre les suspects de contre-révolution », dont les émigrés rentrés en France ; à ce propos, notons la proximité des îles anglo-normandes, refuge de nombreux nobles et ecclésiastiques.
Battue à Cholet, l’armée vendéenne pénètre dans la Manche et parvient à Granville le 14 novembre 1793, mais ne peut prendre la ville malgré un violent combat.
La réaction thermidorienne ramène les notables au pouvoir, « le Rocher de la Liberté » reprenant son nom de Saint-Lô et « Pierre-Ferme » celui de Saint-Pierre-Eglise.
Dès l’an III (1795), le représentant Dentzel, plus modérateur que Lecarpentier, s’adresse de Coutances aux populations, les mettant en garde contre « cette horde de brigands que vous nommez chouans. L’Avranchin et le Mortainais deviennent rapidement le domaine d’élection de la chouannerie. Dans une moindre mesure, les cantons de Saint-Sauveur-Lendelin et Périers sont touchés ainsi que celui de Digosville de 1797 à 1801. Frotté supervise l’organisation militaire et les affrontements se succèdent : il attaque Ger, puis Torigni (1796) ; au Petit Celland, un millier de chouans affrontent autant de républicains.
Agent de renseignement, Jacques Destouches, né en 1780, est condamné à mort en 1798 et incarcéré à la prison de Coutances ; le 9 février 1799, 18 chouans prennent de nuit la prison d’assaut et parviennent à le faire évader.
Au total, on peut estimer à près de 500 victimes le nombre des habitants de la Manche décédés de mort violente ou après condamnation entre 1792 et 1800, augmenté des Vendéens morts sur son territoire.