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Histoire de la Basse Normandie

 

 

La Renaissance

Un XVIe siècle mouvementé

Le voyage entrepris par François Ier en 1532 (le monarque est reçu à Saint-Lô, Hambye, Coutances, Cherbourg et au Mont-Saint-Michel) symbolise hautement le rattachement définitif de la Normandie au royaume de France. Cependant, le répit qui suivit la guerre de Cent Ans s’achève ; en effet, la Réforme protestante atteint Avranches dès 1528 et gagne rapidement une partie de la noblesse et de la bourgeoisie, alors que le peuple des campagnes, dans sa grande majorité, est peu touché par les idées nouvelles.

Au début, une certaine tolérance prévaut : ainsi, en 1561, les catholiques et les huguenots se partagent l’église Notre-Dame de Saint-Lô, « de manière que les uns avaient leurs heures pour leurs services et les autres pour le prêche », mais bientôt, les destructions puis les mises à mort se répandent : les églises et la cathédrale d’Avranches sont mises à sac en 1562, puis l’abbaye de Cerisy. Saint-Lô, la cathédrale de Coutances et l’abbaye de Cherbourg furent aussi saccagées.

Deux personnages sont en avant : Gabriel, comte de Montgomery (1528-1574), rallié au parti protestant, et Jacques Goyon, baron de Matignon et comte de Torigni (1527-1597).

En 1572, la Saint-Barthélémy désorganise le parti protestant. Matignon prend Saint-Lô en 1574. Montgomery est exécuté à Paris la même année.
Les émeutes se prolongeront du fait de la ligue, à laquelle se rallient Avranches et Valognes. Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Cherbourg, Mortain demeurent fidèles au roi.

Troubles et renouveau religieux

De 1636 à 1639, à une forte augmentation de la pression fiscale (la Normandie est réputée province très riche) vient s’ajouter une très mauvaise répartition de l’impôt. En conséquence, on dénote la crise du commerce et de l’industrie. De plus, si l’on sait que des épidémies de peste eurent lieu de 1619 à 1639, on comprend mieux que le projet d’assujettir la Basse-Normandie à la gabelle dont elle était jusqu’alors exemptée ne pouvait qu’exaspérer les populations. La révolte des Nu-Pieds qui débuta dans l’Avranchin ne dépassa pas Coutances mais le pouvoir la réprima. Chargé par Richelieu de la répression pour toute la province, le chancelier Séguier se rend en personne à Saint-Lô et Coutances, et fait procéder à des exécutions. En 1649, François de Matignon prend le château de Valognes, défendu par Bernardin Gigault de Bellefonds, futur maréchal de France, et met la ville au pillage. A Coutances, l’évêque Claude Auvry met en échec les frondeurs, mais il va se réfugier à la Cour, Matignon voulant se saisir de sa personne.

Sous le règne de Louis XIV, les guerres civiles cessent et une stabilisation certaine apparaît, directement liée à l’encadrement administratif et à l’action des intendants (depuis 1542 le Cotentin et l’Avranchin dépendent de la généralité de Caen).
Désirant restaurer Jacques II d’Angleterre, Louis XIV, en 1692, fait rassembler des troupes à la Hougue en vue d’un débarquement, sous le commandement du maréchal de Bellefonds, tandis qu'Anne-Hilarion de Costentin, comte de Tourville (1642-1701) est chargé de l’armée navale. Malgré la victoire remportée devant Barfleur, il ne peut éviter ce qu’on nommera le « désastre de la Hougue ». Cependant, le roi ne retirera pas son estime à Tourville, seul coupable d’avoir obéi aux ordres reçus, et le fera maréchal de France. « Le plus grand homme de mer, de l’aveu des Anglais et des Hollandais qui eut été depuis un siècle et, en même temps, le plus modeste, ce fut le maréchal de Tourville » a pu dire Saint-Simon.

Durant cette époque de renaissance religieuse, le diocèse de Coutances eut des évêques de grande valeur, tel Mgr de Briroy, « le père des pauvres ».
A la tête du diocèse d’Avranches, on relève le nom de Mgr de Péricart, évêque de 1588 à 1639, ancien ligueur. Il soutient un long siège contre les troupes de Henri IV, et ce ne fut que contraint par la force qu’il accepta de reconnaître l’autorité de ce roi.
Parmi ses successeurs, Daniel Huet illustre l’Avranchin de 1692 à 1699. Membre de l’Académie française, l’auteur du Traité de l’origine des romans fut en relation avec Bossuet, Fléchier, Boileau, Descartes…
Si les abbayes anciennes sont en déclin, on crée de nouvelles communautés : Capucins à Coutances (1617), Avranches (1618), Valognes (1630), Dominicains au Mesnil-Garnier (1619), Pénitents du Tiers-ordre de Saint-François à Saint-Lô (1630).
On favorise l’enseignement et le résultat obtenu est remarquable. La population compte à la fin de l’Ancien Régime parmi les plus alphabétisées et les plus instruites de France.

La révocation de l’Edit de Nantes (1685) ruine le protestantisme, encore très actif à Saint-Lô.

Des procès en sorcellerie troublent les populations.
En 1668, eut lieu le dernier procès pour sorcellerie. A Méautis, une centaine de personnes furent accusées. 12 furent condamnées à mort et graciées par Louis XIV. Le Mont Etenclin, les marais de la Sangsurière près de Doville et les environs de Méautis étaient considérés à l'époque comme des lieux sataniques. Les Sabbats avaient lieu dit-on sur le mont d'Etenclin.

En 1671, Louis XIV mis un terme à ce genre de procès.

Ce fait inspira un film : Série "Tribunal de l'impossible" Le sabbat du Mont d'Etenclin (1968) (TV)