Accueil Histoire et Notices Principauté de Monaco Thèrèse Françoise de Choiseul Stainville, l'Ange de Monaco - partie 2

Thèrèse Françoise de Choiseul Stainville, l'Ange de Monaco - partie 2

 

LA PRINCESSE DE MONACO. p. 163

Condamnée (8 thermidor), elle se déclara grosse ; mais dès le lendemain (le 9 thermidor ! que n'attendit-elle un jour de plus?), elle écrivit à Fouquier-Tinville pour retirer sa déclaration ; elle n'avait voulu gagner un jour que pour couper elle-même sa chevelure et l’envoyer à ses enfants, comme elle le disait à Fouquier dans sa lettre :

Citoyen,

Je vous préviens que je ne suis pas grosse. Je voulois vous le dire; n'espérant plus que vous veniez, je vous le mande. Je n'ai point salit ma bouche de ce mensonge dans la crainte de la mort ni pour l'éviter, mais pour me donner un jour de plus, afin de couper moi-même mes cheveux, et de ne pas les donner par les mains du bourreau. C'est le seul legt que je puisse laisser à mes enfants ; au moins faut-il qu'il soit pur.

Choiseul-Stainville-Josèphe Grimaldi-Monaco,
Princesse étrangère, et mourant de l'injustice des juges français.

Et au dos :

Au citoyen Fouquet de Tinville, très pressé1.

Elle arracha ses cheveux avec un morceau de verre, elle y joignit des lettres pour ses enfants, pour leur gouvernante, et c'est Fouquier-Tinville qu'elle chargeait de l'envoi par ce billet tracé d'une écriture belle et ferme :

Citoyen,

Je vous demande au nom de l'humanité de faire remettre ce paquet à mes enfants : vous m'avez eu l'air humain, et, en vous voyant, j'ai eu regret que vous ne fussiez pas mon juge; je ne vous chargerois peut-être pas d'une dernière volonté si vous l’ussiez été. Ayez égard à la demande d'une mère malheureuse qui périt à l'âge du bonheur, et qui laisse des enfants privés de leur seule ressource ; qu'au moins ils reçoivent ce dernier témoignage de ma tendresse, et je vous devrai encore de la reconnaissance.


1. Archives, W 431, dossier 968, pièce 7.