Dossier Tour Odéon Monaco – Tour Odéon, Ombre sur Beausoleil – Réflexions à chaud
Posté le Mardi 13 avril 2010 par Sophie Déméautis
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Réflexions personnelles d’après l’article « Tour Odéon, Ombre sur Beausoleil » de la revue en ligne « La Principauté » et consultable en ligne au format PDF (avril 2010)
Après avoir suivit le projet de construction de la Tour Odéon, depuis le 14/02/2009, et plutôt que de râler inutilement sur mon canapé, j’avais décidé d’agir. Je suis déjà intervenue à plusieurs reprises auprès de l’association Odéon-Riverains qui m’a élue à ma grande surprise « Membre Bienfaiteur » (convention de 1963 dénichée sur le net, dessin du logo et conseils avisés d’une dame conseiller municipal en urbanisme). Je n’en demandais pas tant et je ne suis pas certaine de le mériter. (Cela me gêne énormément de dire tout cela, mais je tiens à expliquer le peu que j’ai déjà fait et jusqu’où je suis allée. Quand au pourquoi il se trouve tout simplement sur ma page « Qui suis-je« … il y a des choses que je n’aime pas et qui ne passe pas.) Je suis restée discrète après cela, les laissant agir et surtout laissant l’Etat français intervenir car, à vrai dire, je ne suis pas directement concernée. Les choses ont évolué depuis et je me permets de reprendre ma plume face au maintien de ce projet après la nomination de Michel ROGER, le nouveau ministre d’Etat du gouvernement princier monégasque.
Je suis ce projet depuis plus d’un an déjà et j’ai essayé de comprendre pourquoi on revenait sur des constructions aussi élevées en Principauté. Je concède que je m’occupe d’une affaire qui ne me concerne absolument pas et le fait que je vive loin de la région PACA ne me permet pas d’avoir un regard suffisamment objectif dans cette affaire. Le peu d’informations qui filtrent de la part des médias ne donnent également pas la possibilité de se faire un avis juste et rigoureux. Il est donc très possible que je fasse complètement fausse route. Je vais néanmoins essayé de donner mon avis sur cette affaire tout en restant la plus respectueuse possible des uns et des autres, ce qui n’est pas toujours évident. J’ai par ailleurs, beaucoup de respect pour la Principauté de Monaco et pour ses habitants.
Tous commentaires sont les bienvenus, pour ou contre la Tour Odéon, dans la mesure du possible ou vous respectez les autres et la netiquette.
Mes réflexions à chaud en violet
Editorial : Réalisme et bon sens doivent prévaloir…
« Pour apaiser un climat très tendu, il (ndlr : le Ministre d’Etat feu M. Proust) déclarait être convaincu qu’à la conclusion de l’histoire les Monégasques auraient pu être « très satisfaits ». Aujourd’hui on n’en est pas encore là (…) »
Je suggère pour la prochaine fois d’en parler ouvertement aux monégasques… Qu’en pensent les monégasques et résidents monégasques et surtout qu’en pensent les riverains ? Je suppose qu’il n’existe pas de débats publics à Monaco.
« Sur le plan politique, la tour ne pourra pas mettre en danger les bonnes relations entre Monaco et la France, ni avec les administrations locales, y compris la commune de Beausoleil qui est directement impliquée. Monaco étant un pays souverain, personne ne pourra l’empêcher de construire une ou plusieurs tours sur son propre territoire. Ceux qui veulent essayer de bloquer la réalisation du projet peuvent se mettre d’ores et déjà l’âme en paix, car le seul résultat qu’ils pourraient obtenir c’est – au plus – de retarder les travaux. »
Nous sommes bien d’accord concernant la souveraineté de la Principauté mais il existe une Convention de voisinage datant de 1963 et qui est probablement obsolète, vu que personne n’en fait état. Pourtant elle fut écrite afin de protéger les villes françaises frontalières de constructions immobilières de ce genre. Il était prévu une concertation en bonne intelligence entre l’Etat français et monégasque.
Mais je sais également qu’il existe une commission mixte franco-monégasque de coopération qui se réunit au moins une fois par an. Qu’en est-il de cette Commission ?
Voici ce que l’on peut trouver sur le site diplomatie.gouv.fr
La coopération franco-monégasque
La coopération franco-monégasque s’effectue notamment par le biais de :
la Commission de Coopération franco-monégasque qui sert de cadre aux consultations régulières entre les deux pays sur les situations d’intérêt commun. Elle se réunit une fois par an dans chacun des pays, à tour de rôle. Elle est présidée, côté français, par le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et européennes, et côté monégasque par le ministre d’Etat. La dernière réunion de la Commission a eu lieu à Monaco le 25 juin 2009. Si elle examine parfois des questions très techniques et locales, son rôle est aussi politique, puis qu’elle peut aborder les questions de nomination aux emplois sensibles ainsi que les sujets de politique internationale
la Commission chargée des questions locales de coopération transfrontalière entre Monaco et la France, créée en 2006 pour rechercher une gestion plus efficace des dossiers de proximité et de voisinage, notamment avec la création de groupes de travail par thèmes (réunion une fois par an, dans chaque pays , à tour de rôle).
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cf un extrait de la convention de Voisinage 1963 : (Voir mon article « Dossier Tour ODEON – Convention de voisinage mai 1963″ à ce sujet)
« (…) étant donné les problèmes que pose, en matière d’urbanisme, la proximité et, dans certains cas même, l’imbrication des constructions édifiés de part et d’autres de la frontière franco-monégasques, il y a lieu de coordonner l’action des deux Etats en matière d’urbanisme. A cet effet, mon Gouvernement (ndlr : français) propose que les administrations compétentes des deux pays se consultent préalablement à tout établissement ou modification des plans d’urbanisme intéressant les communes françaises de Cap-d’Ail, la Turbie, Beausoleil et Roquebrune et des textes législatifs et réglementaires intéressant la zone frontière monégasque. »
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Décret n° 70-503 – 1970 : (voir mon article à ce sujet : « Dossier Tour ODEON – Décret n° 70-503 du 9 juin 1970″)
« L’échange de lettres franco-monégasque du 18 mai 1963 relatif aux problèmes d’urbanisme prévoit une consultation préalable des administrations compétentes des deux Etats en ce qui concerne l’établissement ou la modification des plans d’urbanisme intéressant les communes françaises de Cap-d’Ail, La Turbie, Beausoleil et Roquebrune, et des textes législatifs et réglementaires intéressant la zone frontière monégasque.
Il apparaît au Gouvernement français que le réglement des différents problèmes qui peuvent naître entre les deux pays en matière d’urbanisme serait grandement facilité si était effectivement mise en œuvre l’harmonisation des plans d’urbanisme de l’ensemble du secteur frontalier. »
(…)
« Deux fonctionnaires désignés respectivement par chacune des Parties en raison de leur compétence procéderont à l’étude de l’harmonisation des plans et règlements d’urbanisme dans l’ensemble du secteur frontalier, ce dernier terme étant pris au sens général, pendant une période d’une année. Au terme de cette période, et au plus tard le 1er avril 1971, ces fonctionnaires feront rapport à une Commission mixte paritaire ; au cas où ils ne parviendraient pas à des conclusions unanimes, il serait présenté un rapport sur chacune des positions à ladite Commission. Cette dernière comprendrait, du côté français : le Préfet des Alpes-Maritimes ou son délégué et deux membres représentant les ministères ou services qualifiés ; et, du côté monégasque : le conseiller du Gouvernement pour les travaux publics et les affaires sociales ou son délégué et deux membres représentant les services qualifiés. »
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Avec tout ces textes de lois, je trouve étonnant que rien n’ait été fait entre les deux Etats au préalable…
Pour ma part, je n’ai pas eu connaissance à ce jour d’une consultation entre les deux Etats ce qui aurait permis d’éviter ou de modérer ce genre de conflit.
Existe-t-il des empêchements à ce qu’une Commission de ce genre ne soit réuni ? Sommes nous moins conciliants, moins tolérants, moins respectueux envers nos concitoyens qu’en 1971 ? Des solutions existent qui faciliteraient les constructions de ce genre de tour en bonne intelligence entre voisins. Le statut de Monaco a-t-il changé ? Est-ce une atteinte à la souveraineté de la Principauté que de se réunir en Commission ? Une volonté de se sentir indépendant par rapport à la France ? Est-ce par fierté ? Est-ce cela le fond du problème ?
Est-ce lié au traité de 2002 qui garanti l’intégrité de la Principauté ? Pourtant quand on lit certains passages… il y est stipulé que les intérêts des uns doivent être en accord avec ceux des autres :
24 octobre 2002 : Traité destiné à adapter et à confirmer les rapports d’amitié et de coopération entre les deux Etats, entré en vigueur le 1er décembre 2005.
Ce texte fait passer les relations franco-monégasques d’une « amitié protectrice » (Convention de 1918) à une « communauté de destin ».
Les points essentiels en sont les suivants :
« La République Française assure à la Principauté de Monaco la défense de son indépendance et de sa souveraineté et garantit l’intégrité du territoire monégasque dans les mêmes conditions que le sien. La Principauté s’engage à ce que les actions qu’elle conduit dans l’exercice de sa souveraineté s’accordent avec les intérêts fondamentaux de la République française dans les domaines politique, économique, de sécurité et de défense » (article 1er). Elle « s’assure par une concertation appropriée et régulière que ses relations internationales sont conduites sur les questions fondamentales en convergence avec celles de la République française » (article 2).
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« Sur le plan économique, l’enjeu est fondamental : relancer l’économie du pays dans une période de crise, en attendant de reprendre l’extension en mer, avec des retombées importantes aussi pour la commune limitrophe et au niveau social interne avec l’obtention de nouveaux logements domaniaux pour faire face à la demande future. »
Nous sommes bien d’accord mais c’est la manière de procéder que je n’approuve pas. (voir mes remarques plus bas)
« Le bon sens, encore une fois, c’est ce qui devrait inspirer les acteurs de cette querelle qui semble plutôt stérile. La meilleure réponse à toutes ces questions est de se mettre tous (administrateurs locaux, riverains et promoteurs) autour d’une table et d’en discuter sereinement. »
Entièrement d’accord avec vous. Je le souhaite sincèrement. (C.f. mes précédentes remarques sur la Commission mixte franco-monégasque). J’ai bien peur que finalement, et encore une fois, les choses ne soient faites à l’envers et que l’on finisse par mettre en place une consultation entre tous les protagonistes, afin de désamorcer un conflit qui s’est envenimé faute de coordination ou d’organisation. Mais je me trompe peut être…
Un objectif économique légitime
« Pour la Principauté de Monaco, l’enquête judiciaire est « une affaire purement française », déclaration en décembre de Gilles Tonelli, Conseiller de Gouvernement pour l’Urbanisme. »
Enquête Juridique, affaire purement française… car problème au niveau de la loi… Si la convention de voisinage de 1963 n’est pas obsolète, alors cette histoire n’est pas « purement française ». Non ?
« La Principauté a changé en 2006 son plan d’urbanisme pour permettre de construire plus haut et plus dense. »
C’est bien dommage. Dommage que rien ne soit fait pour préserver Monaco et son architecture… N’existe-t-il aucun cabinet de conseil en architecture à Monaco avec un plan d’action pour la qualité urbaine et architecturale. Celui-ci validerait les diverses constructions tant du point de vue esthétique que de la qualité de l’habitat et de l’environnement (normes HQE) en tenant compte des nuisances pour les riverains. (Voir ma conclusion plus bas)
« la double tour Odéon vise le très haut standing, qui pourrait se vendre à 40 000 euros le m2. »
C’est du chantage économique ? C’est la crise donc ne critiquez pas ce chantier qui rapportera beaucoup d’argent. Seulement, je me pose des questions après avoir eu connaissance, si mes souvenirs sont bons, sur la même revue en ligne « La Principauté », de remarques concernant le manque d’étude en matière de la vente des logements neufs… Les journalistes faisaient remarquer que ces dernières années en Principauté, il y avait plus d’achats de logements dans la revente que dans le neuf. En pleine crise économique, le nombre de bureaux à la vente ne sera-t-il pas trop important ? Mais j’avoue ne pas être spécialiste dans ce domaine et que cela fait peut être partie d’un plan financier afin de stimuler la reprise économique. C’est juste une question que je me pose.
« Cʼest ce gigantisme qui semble avoir tout déclenché. »
Non, pas seulement, c’est le manque de respect évident vis-à-vis des riverains des deux Etats concernés. Aucune concertation ne semble avoir été fait entre l’Etat Français et Monégasque. Visiblement, les enjeux financiers seraient trop importants.
« L’enjeu est d’importance: la Principauté est à l’étroit sur ses 2 km2. Ce projet est donc capital et il a été lancé rapidement pour donner un signal fort dans une période économique maussade. »
On le comprend tous parfaitement, la crise a touché tout le monde, mais la fin ne justifie pas les moyens. Trop précipité (car il fallait au plus vite passer à autre chose après l’arrêt brutal de l’extension en mer), sans aucune concertation avec les principaux intéressés comme s’ils n’existaient pas. Nous ne sommes plus au temps des grands Seigneurs ou alors j’ai mal compris.
« Une urgence stratégique qui a dʼailleurs provoqué une petite crise entre le gouvernement et la majorité parlementaire. »
Il ne fallait pas toucher aux fonds de réserve monégasques et diminuer le nombre de logements domaniaux prévu à l’origine. C’est continuer à se moquer du monde et cette fois-ci des monégasques.
Reste un point délicat, celle de la contradiction entre l’image du « Prince Vert » et celle de la tour monnumentale.
Je ne vous le fait pas dire et ce n’est pas la seule contradiction que j’ai malheureusement constaté. Pour ma part je me pose beaucoup de questions et permet d’émettre de sérieux doutes concernant cet intérêt pour l’environnement.
« Lʼenquête sur lʼimage de Monaco, évoquée par ailleurs, montre que, dans lʼopinion publique et internationale, le Prince Albert est lʼhomme dʼEtat qui semble pouvoir réussir lʼimpossible défi de lʼavenir : réconcilier le développement et lʼenvironnement. Lʼenjeu de la tour est important aussi pour l’image de Monaco et de son Prince. »
J’aurai tant aimé le croire… mais j’émets de sérieux doutes également quand à cette enquête. Ou alors nous n’avons pas les mêmes sources… problème de communication encore et encore ? Le Prince ferait mieux de lire, par lui même, ce qui se dit de Monaco et de lui sur internet (plusieurs forums royaux et nombreux commentaires d’articles de presse), au niveau de l’environnement j’entends, mais pas seulement. Je pense qu’il risque d’être désagréablement surpris. Il y a des critiques acerbes mais également des critiques constructives. Concernant la Tour et l’image positive qu’elle pourrait véhiculer à vrai dire je n’ai pas lu de remarques positives à ce sujet sur les divers forums que j’ai consulté, mais cela ne prouve rien. En effet, on ne comprend pas cette contradiction avec l’environnement. Tout comme on ne comprenait pas le projet de l’extension en mer. Avoir un regard avisé sur ce moyen de communication qu’est internet, pourrait permettre de contrer cette perte de crédibilité et de comprendre la naissance de certaines rumeurs. Certaines presses écrites se nourrissent de ces forums. La presse écrite, malheureusement, reflète très peu la notoriété d’une personne médiatique. Maintenant, tout ce joue sur internet où les réputations se font et se défont très rapidement et les rumeurs y enflent et semblent ne jamais se tarir. Tout ce sait très vite et tout y est très facilement amplifié, déformé, analysé et décortiqué.
En conclusion :
Une autre solution n’était-elle pas envisageable qui aurait fait moins de tort aux riverains des deux états ? Les autorités monégasques ne peuvent-elles rencontrer les élus français afin qu’un juste milieu soit trouvé qui pourrait mettre tout le monde d’accord ? La phase de préparation du chantier est semble-t-il presque achevée et des travaux ont été fait pour surélever le collège Charles III. Faire machine arrière maintenant me parait assez délicat et sans doute un peu tard.
A la place de ce projet, n’y avait-il pas la possibilité de réhabiliter d’anciens immeubles devenus vétustes et hors normes concernant les performances énergétiques et le respect de la norme HQE ? Pourquoi ne pas réétudier l’architecture de la principauté dans son ensemble et quartier par quartier afin de lui redonner une homogénéité et une cohérence architecturale ? Pourquoi ne pas inclure dans cette remise aux normes, des immeubles phares à la pointe de la recherche environnementale, afin de servir d’exemples et de montrer par là que la politique qui est menée à Monaco n’est pas qu’un simple discours mais bel et bien un véritable engagement ?
Je sais que tout cela est plus facile à dire qu’à faire, que cela représente un coût non négligeable et que c’est également facile de critiquer, surtout lorsque l’on n’est pas vraiment concerné et que l’on est assis sur son canapé. J’ai bien conscience que les choses paraissent toujours plus simples qu’elles ne le sont en réalité.
Respectueusement
Sophie,
Pas si « Vilaine » mais curieuse de service
… Mille et un pigeons voyageurs …