Les « Miroirs des princes »

Posté le Vendredi 09 avril 2010 par Sophie Déméautis

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(brouillon en cours de rédaction)

Ou l’éducation des princes du XVe au XIXe siècle.

D’après la lecture de l’oeuvre de Jean MEYER « L’éducation des princes du XVe au XIXe siècle »

Extraits de mon article Les « Miroirs des princes » – L’éducation des princes du XVe au XIXe sur mon site de Généalogie

IMPORTANCE DE L’IMAGE ou L’IMAGE COMME PROPAGANDE

Les estampes des portraits des jeunes princes sont produites en masse grâce aux gravures. Elles deviennent une véritable propagande et la promesse d’un éventuel changement politique. Ces jeunes princes sont alors au premier plan de l’actualité ce qui peut induire un sentiment de supériorité.

La première phase de l’éducation de ces princes passe par l’image et se termine par le mariage.

Au XVIe siècle, les éducateurs humanistes et religieux émettent des reproches aux princes, futurs dirigeants des petits Etats qui constituent le Saint Empire Romain Germanique (voir article sur mon site Généalogique). Ces futurs dirigeants délaissent leurs études, refusent l’effort et se conduisent de manière « scandaleuse ».

EDUCATION PRINCIERE SELON ERASME

Erasme était un humaniste et une figure de la Renaissance (voir article sur Wikipédia en complément) Il est contemporain de Charles Quint et fut son conseiller.
Selon lui, le roi doit être « doux, aimable, de tempérament modéré, et peu sujet à l’emportement et à la colère ». Il faut éviter à tout prix que la monarchie ne se dévoie en tyrannie. Un roi doit savoir écouter et accepter des conseils. Il ne faut pas non plus qu’il soit un être falot, sans caractère, ni influençable.

La monarchie héréditaire pose un problème : l’hérédité ne garantie pas la compétence ou l’habileté nécessaire. D’ou l’importance capitale de l’éducation pour y pallier. Erasme préfère la Monarchie Elective (celle du Saint Empire Romain Germanique où un prince était choisi par 7 princes électeurs afin de conduire les peuples et les Etats qui constituaient le Saint Empire)

« La patrie a besoin d’un bon prince. Le bonheur nait des efforts d’un bon gouvernement« .

« Le souverain doit laisser un pays prospère et florissant mais aussi un fils de valeur, apte à sa succession ».

Les bons éducateurs : « Il faut critiquer sans insulter, louer sans flatter ». Le tout n’est pas d’engendrer un fils, il faut l’éduquer en conséquence.

Les camarades du princes doivent être les meilleurs possibles : il convient d’écarter du jeune prince, les femmes idiotes, les filles faciles, les comédiens, les ivrognes, les farceurs ou pire les flatteurs. Sinon ces princes n’apprendront que les jeux, les plaisirs, l’amour, l’argent, l’orgueil, l’arrogance et les jouissances.

« La rigueur qui doit accompagner tous les choix, ne doit pas faire oublier la nécessiter d’apprendre en amusant ». Reproches si besoin ne doivent pas humilier l’enfant. Pas d’humiliation en public.

Le futur prince ne doit pas être l’admirateur des vanités nobiliaires. Il ne faut pas redouter la mort. L’âge ne se mesure pas en nombre d’années, mais en celui des bonnes actions. Un prince ne meurt pas s’il a accumulé des bonnes actions.

LE ROI PHILOSOPHE

Certains pourraient lui reprocher de vouloir éduquer un philosophe et non un roi. Erasme répondit « Qui n’a pas été philosophe ne peut être un souverain ; il est un tyran (…) haï de tous, car également, dangereux à tous. »

Le portrait qu’Erasme dresse des princes de son époque n’est pas flatteur : ils jouent, dansent, s’enivrent, pillent les peuples et font « d’autres choses que je ne saurai nommé ». Ils méprisent les peuples qu’ils gouvernent et se détachent le plus possible de cette masse à leurs yeux vulgaire, ignorante, indigne et méprisable. Mais qu’est-ce qu’un philosophe ? Il se contente des vrais valeurs, méprise le paraître et les vêtements somptueux. Etre chrétien et philosophe sont pour Erasme la même chose. Pour lui, « pierres précieuses, pourpres, argent, gardes du corps, tous les aspects de luxe extérieurs ne sont rien, tout comme les galeries des tableaux des ancêtres. Ces biens ont d’ailleurs été acquis en exploitant (ou pillant) les peuples »

Erasme divise la haute noblesse en trois groupes :

  • celui qui doit sa noblesse à sa vertu et « à ses actes droits »
  • celui qui la doit à la connaissance des sciences « les plus élevées »
  • celui qui la doit à « l’image des ancêtres, des tableaux généalogiques » et à sa richesse

La vrai noblesse, pour Erasme, appartient au premier type. Le seul souverain, est souverain chrétien : « Au baptême, tu as renoncé à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres. (…) Le plus grand service à rendre au peuple chrétien est de le gouverner en chrétien »

Pour Erasme, en fait un bon souverain est un père, très bon, plein de mansuétude, doux, libéral, méprisant l’argent, incorruptible par les sentiments, qui se tient lui même en main, maître de ses désirs, d’esprit aigu, plein de compréhension, bon conseiller, juste, réaliste, bon chrétien, attentif aux besoins de son peuple, solide, inébranlable, infaillible, qui termine ce qui a été commencé, possède l’autorité, travailleur, préoccupé de justice, lent à la vengeance, charitable, sauveur, attentif à ce que l’on dit de lui, égal d’humeur et de moeurs, facile à atteindre, aimable, plein de sollicitude, capable de mener une guerre mais s’activant à la paix, créateur de lois bienfaisantes. (Ndlr : Bref, c’est Batman !    :mrgreen:   )

Il doit travailler pour que ses sujets puissent dormir. (…) Qui accepte une fonction publique ne doit penser qu’au bien public. Le roi doit devenir un sage.

Les serviteurs de l’Etat et les conseillers du Roi : ils ne doivent pas être choisi selon leur généalogie mais d’après leurs bonnes moeurs, leur sagesse et expérience.

Le mariage : « c’est une affaire personnelle mais aussi un des noeuds centraux de la politique. L’épouse à préférer doit être issue du pays même, et non une étrangère. Elle doit être la plus vertueuse possible. Erasme n’est pas convaincu de la nécessité d’un mariage politique. Ce genre de mariages a engendrés les pires catastrophes politiques : revendications territoriales à la suite de dots promises. Les grands conflits ne peuvent être résolus par un mariage. De plus la manière inhumaine dont on traite ces princesses (Ndlr : étrangères) Elles sont envoyées dans des pays éloignés, en quelque sorte exilées chez des peuples qui leur sont inconnus par la langue, par l’aspect, le caractère, les qualités. Elles vivraient tellement plus heureuses chez elles, quoique, certes, avec moins de pompe »